Les patients conservent l’image traditionnelle du médecin, de l’infirmière libérale, du Kiné travaillant seuls, consultant tout au long de journée et se rendant de patient en patient. Les idées préconçues ont la vie dure, et pourtant le quotidien des professionnels de santé libéraux ne peut pas se résumer à cette seule image. En 2020,, les maisons de santé pluriprofessionnelles, les MSP pour les spécialistes, attirent de plus en plus de nos confrères, de nos partenaires soignant. Les chiffres l’attestent, puisqu’en mai 2019, le Ministère de la Santé recensait pas moins de 1200 MSP en activité, alors qu’il en totalisait 400 en cours de développement.
Si ces MSP attirent de plus en plus les professionnels de santé, c’est que ces centres permettent de jouir de nombreux avantages, à commencer par la mutualisation des coûts, la rupture de l’isolement de l’infirmière libérale, la possibilité de s’engager plus fortement dans des projets ambitieux…. Mais cette attractivité s’explique aussi et surtout par la volonté des autorités publiques de promouvoir cette nouvelle façon de concevoir les soins primaire, et la réforme de notre système de santé, portée par le gouvernement actuel, a fait de ces MSP et autres formes d’exercice coordonné une priorité pour les années à venir.
Un cadre plutôt attirant pour les jeunes
Si les MSP existent depuis une vingtaine d’années, il aura fallu un accord cadre interprofessionnel (ACI) en 2017 pour enfin établir un nouveau mode de rémunération, dont l’objectif principal consistait à valoriser cette prise en charge coordonnée des patients.
Rejoindre une MSP permet de sortir du travail solitaire et de s’intégrer dans une véritable démarche collective et collaborative. La mise en commun des moyens, notamment en ce qui concerne les données informatisées, garantit en outre un dossier médical plus complet et plus conforme aux attentes des infirmières libérales et des autres professionnels présents au sein de la MSP. La coordination des soins, les réunions entre professionnels, la participation au projet de la MSP, le développement de projets de santé sur le territoire sont autant d’arguments qui plaident en faveur de ces structures de soins.
Une rémunération à la hauteur des attentes
En 2018, les MSP ont accueilli 3.2 millions de patients, ce qui constitue une hausse significative par rapport à 2017 (+ 11%) et exceptionnelle par rapport à 2016 (+42 %). La tendance haussière devrait se confirmer dans les années à venir, au vu du nombre d’ouvertures annoncées. Mais parce qu’elles répondent à un enjeu de santé public, ces MSP adhérentes à l’ACI perçoivent également une rémunération, versée si toutes les conditions sont remplies et respectées. Le montant moyen de cette rémunération était de 63.500 € en 2018. Versée à la structure juridique, cette rémunération peut être utilisée comme celle-ci le souhaite. Elle sert généralement à l’achat de solutions informatique et est redistribué au praticiens exerçant dans la MSP en fonction de leur investissement personnel sur l’exercice coordonnée (nombre de réunions, nombre de projets portés, nombre de concertations professionnels…)
De plus, en se décidant à rejoindre une Société Interprofessionnelle en Soins Ambulatoires (la SISA étant la forme juridique la plus fréquente pour les MSP), Les professionnel de santé ne renonce ni à leur indépendance ni à leur statut libéral.
Malgré tout, il existe encore des freins à l’exercice coordonné. La mise en place parfois difficile des SISA, les changements organisationnels que cela impose, le choix d’un logiciel commun à toute l’équipe, (ou pas !) sont des points parfois bloquants, souvent des freins à l’installation en MSP.